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mauricejeanauteur

Chapitres 13 et 14. La finale!


Chapitre 13


Règlement de comptes


Apercevant Lauriane et la petite Sandrine assises et bâillonnées sur la banquette arrière du F150, Pierre Philippe décontenancé se mit à hurler : « Ne leur faites pas de mal, je vous laisse la voiture et la camelote. Mais de grâce, détachez-les! Et, je vous promets de vous remettre sur-le-champ les clés de la voiture et son contenu. » Philippe Langevin avança vers lui et lui ordonna de la fermer en le menaçant de son revolver – un browning.22 short –, le forçant à lever les mains en l'air, voulant s'assurer ainsi qu’il n’a pas sur le lui le pistolet de Florence.

Des employés de la boîte où travaille Pierre-Philippe regardèrent d’un œil incrédule cette scène qui se déroulait dans le stationnement. On croirait voir défiler un des meilleurs films policiers passant dans les cinémas du monde entier. Le patron, Nick Laverdure, alerté par tout ce brouhaha, sorti en trombe de son bureau et s’informa : « Quelqu’un a appelé le 911? » L’adjointe administrative de M. Laverdure s’écria : « Ouiii ! » En état de choc, elle pleurait à chaudes larmes, des mouvements rythmiques et des tremblements secouant tout son corps.

Tentant de garder son calme, en bon patron, il ordonna à tous de s’éloigner des fenêtres, car une balle perdue pourrait les atteindre. « Couchez-vous immédiatement en dessous de vos bureaux et ne bougez pas ! » Des sirènes se faisaient entendre, semant encore plus la panique chez les employés recroquevillés. Des auto-patrouilles arrivaient de tous bords, tous côtés. Terrorisées, Lauriane et Sandrine se couchèrent l’une par-dessus l’autre. Philippe et Florence, qui menaçaient Pierre-Philippe, levèrent les mains en l’air sous l’ordre des policiers qui ne badinaient pas avec leurs directives.

Cristiano Vega embraya le bolide en mode drive. La Porsche Carreras essaya de se frayer un chemin parmi les véhicules immobilisés de part et d’autre dans le stationnement. En zigzaguant tel un éclair, le portugais somma Loïc de tirer afin de libérer la route. Un des policiers visa ce dernier et fit feu à bout portant, l’atteignant dans le cou. La mort fut instantanée. Devant l’inéluctable, Cristiano Vega se vu dans l’obligation d’immobiliser son véhicule s’il ne voulait pas subir le même sort que son comparse. Le tenant à distance au bout de leurs armes, les policiers lui ordonnèrent de sortir de son bolide les mains en l’air et se ruant vers lui pour lui passer les menottes. Pierre-Philippe, en boule derrière une auto, leva légèrement la tête; ne voyant pas ni sa sœur ni sa nièce, en se mourant d’inquiétude, il pensa : « Comment se sont-elles retrouvées avec Florence ? »

La veille, Florence, femme perspicace, lors de la récupération de son F150 enlisé dans la boue, avait demandé la permission de se rendre aux toilettes. Elle voulait récupérer son Smith & Wesson, une arme très performante. Pierre-Philippe, prudent, l’avait cachée dans son sac dans la chambre à coucher du chalet miteux, afin que personne ne s’en serve. Un accident est si vite arrivé! Avait-il raisonné. N’ayant pas assez de temps pour explorer le chalet à la recherche de son arme, elle s’était emparée du livre « Mes amis Facebook. » Pourquoi? Elle-même ne sut se l’expliquer… Ironie du sort, en roulant sur l’autoroute, Philippe fit tomber du livre un bout de papier sur lequel figurait le numéro de cellulaire de Lauriane. Une idée démentielle lui traversa l’esprit : celle de prendre en otage ces deux personnes, chères aux yeux de Pierre-Philippe, et ainsi le tour serait joué et ils pourraient récupérer la drogue. Ce fut un jeu d’enfant pour les trois escrocs : un simple appel à Lauriane, lui disant que Pierre-Philippe courait un danger, et qu'elle devait se rendre chez elle pour obtenir plus de détails.

Philippe Langevin avait ensuite forcé Lauriane et Sandrine à le suivre. Leur fidèle chien, sentant encore une fois ses maîtresses en danger, s’était mis à japper. Le truand l’avait visé avec son arme et avait tiré sur la pauvre bête qui s’était mise à hurler de douleur. Sandrine avait uriné encore une fois dans sa petite culotte. Lauriane, se souciant peu de la moiteur du postérieur de sa fille, l’avait prise dans ses bras et s’était avancée sous la pointe du Browning.22 short, que Pierre Langevin dissimulait toujours à l’arrière de son pantalon. Arme de faible puissance, heureusement pour Bandit, la pauvre bête.

L’ambulance arriva enfin sur les lieux et les crapules bien menottées : le portugais, Philippe Langevin, Florence, Charlotte Simard se retrouvèrent donc, hors d'état de nuire. Sandrine se jeta dans les bras de son oncle en pleurant et hoquetant, disant que les méchants avaient tiré sur Bandit et qu’il fallait le secourir. Les policiers demandèrent à Pierre-Philippe de demeurer disponible puisqu’il constituait un témoin oculaire important. « Ne vous inquiétez pas pour le chien, une patrouille se rendra sur les lieux, et vérifiera également, s’il n’y a pas d’autres blessés. »

Durant ce temps, dans la verrière de la tour à Tremblant, Tony, évoluant dans cette sphère hermétique, savait où était rendue sa camelote grâce à la puce placée dans un des sacs. Sentant la soupe chaude, affublé de nombreux tics, dont le bégaiement, il ordonna à son garde du corps et chauffeur de sortir la voiture afin de prendre la fuite. La limousine noire se dirigea vers l’aéroport Pierre Trudeau pour qu’ils puissent embarquer dans un jet privé réservé pour eux.

Pendant ce temps, tous les suspects furent arrêtés et amenés au poste de police à des fins d’interrogatoire. Pierre-Philippe faisant également partie du groupe en tant que témoin. Le portugais, qui travaillait pour un groupe de motards criminels, dénonça le réseau afin de sauver ses fesses.

Tandis que Tony et son garde du corps avaient réussi à s’enfuir grâce à de faux passeports. Bénéficiant de l’appui des cartels vénézuéliens, ils furent très bien accueillis à l’aéroport de Caracas, dans un climat et un paysage aux antipodes de ceux de la tour de la station de Mont-Tremblant. Tony, le grand, chef incontesté en trafic de stupéfiants, avait encore réussi un coup de maître. Pour la Gendarmerie royale du Canada, ce sont des manœuvres très dangereuses et risquées que d'aller fouiner dans ces cartels organisés et rodés au quart de tour.




Chapitre 14


Le procès


Six mois plus tard, Pierre Philippe fut convoqué comme témoin au procès qui se tenait au palais de justice de Saint-Jérôme.

Lauriane et Sandrine étaient également citées à comparaître. N’ayant pas l’habitude du protocole de la cour, nerveuses comme des écolières prises en flagrant délit, elles se collaient sur Pierre-Philippe qui ne les rassura guère. Ce dernier était lui-même stressé et agité par tout ce remue-ménage.

Le greffier clama haut et fort de se lever lorsque madame la juge entra dans la salle d’audience. La magistrate prit la parole et demanda à l’auditoire de s’asseoir. Elle enjoignit également au greffier de préciser les causes qui seront entendues devant elle.

— Aujourd’hui, nous entendrons dans les causes entre le ministère et Philippe Langevin, Laurence Guindon, Charlotte Simard et Cristiano Vega, pour des accusations de trafic de drogue, vol d’autos, séquestration, possession illégale d’arme à feu et recel de bijoux.

La juge dit :

— Nous allons procéder. Je demande à une des accusées, madame Charlotte Simard, de venir à la barre.

Tête basse, épaules courbées, la septuagénaire s'approcha en se sentant perdue à l’avance. Après les questions d’usage du greffier sur la personne (nom, adresse et serment d’office), le procureur s’adressa au témoin.

— Madame Simard, pouvez-vous nous expliquer la présence de bijoux de grande valeur, trouvés, dans le coffre arrière de votre voiture le 23 avril, lors de votre arrestation ?

— Je ne sais pas de quoi vous parlez, je n’ai jamais eu de bijoux dans ma voiture.

Charlotte Simard, veuve depuis plusieurs années, trempait dans des affaires malhonnêtes depuis son veuvage. Pour elle, il valait mieux faire des coups payants plutôt que de s’épuiser à faire des ménages pour des peanuts : soit le recel de bijoux, ou bien s’acoquiner avec Philippe Langevin qui lui donnait de petites jobs de transport de colis suspects. Elle était satisfaite de ces gains frauduleux qui l’aidaient, tout de même, à boucler ses fins de mois. Cependant le dernier coup avec Langevin n’ayant pas fonctionné, elle ne pouvait plus se payer un avocat. Le ministère lui en a fourni un d’office. Ce dernier, d’emblée, lui conseilla de nier toute accusation portée contre elle.

— Madame Simard, votre voisin de palier Philippe Langevin vous a-t-il déjà donné de l’argent pour des colis que vous deviez aller livrer ?

— Non, jamais.

— Et la drogue qui se trouvait dans votre voiture, c’est vous qui l’avez mise là ?

— Je ne sais pas de quoi vous parlez.

— Je n’ai pas d’autres questions, madame la juge.

La juge se retournant vers l’avocat de la défense demanda :

— Maître, avez-vous des questions pour l’accusée Charlotte Simard ?

— Non, votre Honneur.

Le procureur demanda au greffier d’appeler à la barre le témoin Pierre-Philippe Prévost.

— Pierre-Philippe Prévost, pouvez-vous nous dire si vous reconnaissez ce sac ? Si oui, où l’avez-vous trouvé ?

La voix chevrotante, les mains tremblotantes comme des feuilles au vent, Pierre-Philippe reconnu le sac contenant les bijoux. Il admit qu’il l’avait trouvé dans la Versa bleue de Charlotte Simard et que c’était en suivant ses ordres qu’il avait placés la drogue dans sa voiture avant de se rendre à Mont-Laurier. Pierre-Philippe ajouta :

— Moi, je voulais simplement reprendre ma voiture que Philippe Langevin m’avait volée.

— Merci, monsieur Prévost. Je n’ai pas d’autres questions.

La juge demanda à l’avocat de la défense s’il voulait interroger le témoin.

— Non, votre Honneur.

Par la suite, Florence Guindon fut appelée à la barre afin d’être interrogée par l’avocat de la couronne.

— Florence Guidon, que faisiez-vous dans ce chalet le soir de la tempête ?

— J’allais rejoindre mon amoureux au chalet que nous avions loué au lac Gareau à la Conception.

— Et pourquoi ce chalet que vous aviez supposément loué était-il habité par une autre personne, en l’occurrence Pierre-Philippe Prévost ?

— Je ne sais pas, c’est une erreur d’identité ou bien d’emplacement.

Dans la salle d’audience, les gens se regardèrent, cherchant à comprendre d’où provenait cette erreur monumentale.

Philippe Langevin était un toxicomane invétéré et sa consommation de stupéfiants comme les amphétamines qu’il prenait régulièrement lui faisait parfois faire des erreurs irréparables. Son patron, ne remarquant pas la déchéance de son employé, lui avait donné la responsabilité de la location de ses chalets sur Kijiji. Langevin avait confondu deux chalets et loué celui du lac Garneau à Pierre-Philippe.

Ce fut alors au tour de Philippe Langevin d’être demandé à la barre.

— Depuis combien d’années travaillez-vous dans la location de chalet ?

— Depuis environ 15 ans.

— Que faisiez avant ?

— J’étais manœuvre, c’est-à-dire que je réparais les chalets qui en avaient besoin.

— Et votre patron vous a-t-il offert un autre job que la réparation et la location de ses chalets ?

— Non !

— Madame la juge, j’ai fait des recherches sur Philippe Langevin. Son véritable nom est Marcel Prévost. Repris de justice, il s’évada de la prison de Sainte-Anne-des-Plaines il y a de cela 15 ans. J’ai ici en main son dossier et la preuve de son identité, si vous voulez en prendre connaissance.

La juge tendit la main pour que le greffier se déplaçât et apporte ces nouvelles preuves tangibles qui incriminent encore plus l’accusé. Puis elle fit signe à l’avocat de la couronne de continuer.

— Son supposé patron, nommé Tony, fonctionnait avec des compagnies à numéro, de faux noms et de fausses déclarations. Pendant l’arrestation des accusés dans cette cause, il fuyait et échappait à la justice. Actuellement, selon la Gendarmerie royale, il séjourne au Venezuela, protégé par les cartels les plus puissants au monde.

Pierre-Philippe n’en croyait pas ses oreilles, Marcel Prévost, alias Philippe Langevin, serait son père ! En le regardant, il essaya de lui trouver des airs familiers. Effectivement, tel un mauvais rêve, des souvenirs douloureux lui viennent à l’esprit. Marcel Prévost lançait des regards haineux et assassins en direction de ce fils qu’il avait renié depuis longtemps. Sous l’impulsion et surtout sous l’influence des stupéfiants, il cracha avec véhémence :

— Tout ça, c’est de ta faute ! Espèce de p’tit pisseux, chouchou de sa mère…

Un coup de maillet saisit tous les occupants dans la salle d’audience et d’une voix forte la juge ordonna à l’accusé de cesser immédiatement ces propos malveillants, sinon, elle le ferait évacuer.

Quant à Cristiano Vega, il plaida coupable en avouant qu’il travaillait pour Pierre Duhaime, chef du groupe de motards criminels. Le réseau fut démantelé et fit l’objet d’un procès subséquent.

Une fois tous les accusés interrogés, la juge se leva, de même que l’audience – ça va de soi – afin de délibérer, en tenant sous son bras le dossier incriminant du supposé Philippe Langevin. Quelques mois plus tard, elle revint en salle d’audience et rendit son verdict : Charlotte Simard fut inculpée de recel de bijoux et de trafic de drogue. La juge la condamna à cinq ans de prison. Quant à Marcel Prévost, il se vit condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de sa femme. Florence Guindon et Cristiano Vega écopèrent de 10 ans, pour complicité, trafic de drogue, enlèvement et port d’armes illégales.

Maintenant que les fraudeurs se trouvèrent hors d’état de nuire, Pierre Philippe, Lauriane et la petite Sandrine, au cours d’un souper familial, se serraient dans les bras l’un de l’autre après ces moments intenses vécus ensemble. Ces épisodes troublants resteront incontestablement inoubliables. Bandit s’approcha d’eux en claudiquant légèrement de la patte droite. En jappant, il voulut lui aussi intégrer le trio.

Heureusement pour Pierre-Philippe, les vacances, qui se choisissent toujours à la pige seront pour lui, cette année, à la fin de juillet. La destination ne sera certainement pas La Conception, trop de mauvais souvenirs y sont reliés ! Il se promit bien cette fois, que s’il louait un chalet, de se prévaloir d’une visite des lieux avant la location. Friand d’astronomie, cette fois-ci son choix de destination de vacances se portera plutôt vers les Cantons-de-l’Est. À ce qu’on dit, le centre d’observation du lac Mégantic étant un site très prisé par les amateurs.





 


Retraitée de l’enseignement depuis dix ans, et ayant entamé des études universitaires à l’âge de 45 ans, je suis détentrice d’un brevet d’enseignement en formation professionnelle à l’UQÀM.


J’ai écrit mon premier roman : – La femme à travers les générations –avec l’encre de mon âme. Le livre fut publié octobre 2015 aux éditions de L’Apothéose. Le récit est d’ordre historique et psychologique et met en relief des épisodes temporels, reflets du passé.


Florence – tome 2. Ce dernier est plus contemporain et d’ordre psychosocial. Publié en octobre 2019 par la même maison d’édition.


Gill Tinkler Une légende, un homme – est une biographie que je viens de terminer récemment sur cet homme de Mont-Laurier, nonagénaire, coureur de canot de haute performance. Avant-propos de : Francine Ouellette. Auto-édition







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