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Chapitre 5. Trois petits coups

mauricejeanauteur

À la vitesse de l’éclair, Florence détacha sa victime. Elle s’aperçut avec une rage hors du commun que Pierre-Philippe avait déjà commencé le travail. Elle lui enfonça brusquement le revolver dans les côtes en lui disant :

— Va voir qui est derrière cette satanée porte. Dis-leur que tout va bien et surtout, ne fais entrer personne. C’est clair ? Sinon…

— Oui… oui… c’est clair, balbutia-t-il avec des yeux remplis d’effrois.

Trois petits coups plus rapides cette fois-ci retentirent. Pierre-Philippe ouvrit la porte avec prudence ne sachant pas trop à quoi s’attendre. Il hésita… Et si c’était l’homme de cinquante ans qui revenait chercher sa complice avec le butin, il n’aurait sûrement pas eu l’amabilité de s’annoncer. Mon voisin éloigné peut-être ? Ce fameux Philippe Langevin ? Le fantôme de la vieille dame revenu nous hanter ? La police ? Il ouvrit toute grande la porte se disant qu’il n’avait d’autre choix que d’affronter le monstre derrière. Il se savait pointer par l’arme de Florence et il était convaincu que le moindre mouvement inopportun ne serait pas toléré par son bourreau.

— Lauriane ! s’étonna Pierre-Philippe. Mais que fais-tu là ?

En plus d’être accompagnée de sa jeune fille Sandrine, pour ajouter au drame, son berger allemand Bandit était également de la partie. Pierre-Philippe fut pris de panique. Il était sur le point de perdre le contrôle de ses actes soudain, il prit une grande inspiration. Il s’efforça de rester calme malgré la situation qui se dramatisait à mesure que les minutes avançaient. Lauriane lui lança :

— Tu te souviens ? Je t’avais promis de venir faire mon tour.

Dans un geste protecteur, Pierre-Philippe tourna la tête et jeta un regard furtif derrière lui. Depuis que la famille de Lauriane l’avait accueilli lorsque son père avait disparu après le meurtre de sa mère, il la considérait comme sa grande sœur.

— Oui, mais avec le temps exécrable qu’il fait…

— J’ai essayé de t’appeler à plusieurs reprises sans succès. Finalement, ma puce Sandrine m’a convaincue de te faire la surprise. Et je te jure qu’elle a beaucoup insisté. Elle voulait absolument voir son tonton préféré et rester couchée une nuit.

— C’est gentil Lauriane, mais… je… nous…

Sans qu’il ait eu le temps de les retenir, Sandrine lui sauta à la taille en l’entourant de ses petits bras pleins de tendresse. Bandit se frôlait sur lui dans un mouvement d’aller-retour tout en remuant la queue de plaisir. Lauriane en profita pour entrer leurs valises humides. « Non… Non… Comment vais-je me sortir de ce foutu bourbier ? C’est un vrai cauchemar. Elles ne sont pas en sécurité ici. Et où se cache cette maudite Florence ? » s’inquiéta-t-il. Il sentait sur ses tempes les battements de son cœur qui s’emballait malgré lui.

Sandrine sautilla sur le divan défraîchi de couleur douteuse tandis que Pierre-Philippe balaya nerveusement des yeux l’intérieur du chalet à la recherche de l’indice qui divulguerait la cachette de Florence. Rien ! Nada ! Aucun bruit ni aucun signe ne dévoilaient sa présence. Il prit vite conscience que la menace qui les guettait était bien réelle par sa faute. En effet, Pierre-Philippe n’a pas tenu sa promesse de ne laisser entrer personne.

— Mon frère, tu m’as l’air tellement anxieux. Quelque chose ne va pas ?

— Non, je t’assure. Tout va bien. Je me sens juste un peu épuisé par mon boulot. J’ai vraiment besoin de cette semaine de vacances.

Pour appuyer ses dires et calmer l’atmosphère devenue lourde, Pierre-Philippe offrit une bière à sa sœur et une boisson gazeuse non réfrigérée à sa nièce. Il ajouta un bol d’eau fraîche à Bandit tout en scrutant les alentours nerveusement. « Mais où Florence s’est-elle dissimulée ? Il n’y a pas tant de planques dans ce chalet exigu » marmonna-t-il avec une voix presque inaudible sauf pour Bandit. D’ailleurs, il craignait que son flair hypersensible de berger allemand lui rende la tâche encore plus difficile.

Pendant qu’il feignait le bonheur de recevoir sa sœur, Bandit revint au salon avec un revolver entre les dents.

Prise de panique, Lauriane lui retira de la gueule. Elle déposa l’objet maudit sur la minuscule table à manger comme s’il sortait tout juste des braises ardentes. Par son regard intense, elle martela son frère de questionnements. Dans un geste maternel, elle enlaça sa fille pour la protéger d’un danger imminent.

Pierre-Philippe n’eut d’autres choix que de poser son index sur ses lèvres charnues imposant ainsi le silence à ses invitées. Lauriane comprit qu’ils étaient réellement en danger.

Après un silence qui sembla durer une éternité, la petite Sandrine chuchota :

— Maman, j’ai envie... j’ai beaucoup envie maman…

Lauriane jeta un regard d’épouvante à son frère et ses yeux le suppliaient de lui donner ses instructions. Sachant Florence désarmée, il lui fit un signe de tête de haut en bas. Lauriane saisit sa fille avec une main tremblotante en direction de la salle de bain. Sentant ses maîtresses en danger, Bandit décida de jouer le garde du corps et il accompagna sa meute d’humains. Quant à Pierre-Philippe, il aiguisa tous ses sens à la recherche du moindre mouvement ou bruit insolite. En ouvrant la porte de la pièce, les deux filles s’époumonèrent à crier. La peur força Sandrine à vider le contenu de sa vessie dans ses petites-culottes. De mauvais souvenirs firent surface dans la mémoire de Pierre-Philippe. Il se souvint de l’anniversaire de ses sept ans. Son père piqua une de ses colères parce qu’il avait uriné dans son lit. Les chatouillements de son frère Luc le firent tellement rire qu’il s’échappa par mégarde. Et c’est sa maman chérie qui reçut les coups à sa place. Rapidement, il effaça ce triste événement de ses pensées et d’un seul bond, il se dirigea vers la salle de bain. Il y découvrit le corps inerte d’une femme étendue sur les carreaux glacés de la pièce. Il constata avec dégoût que c’était celui de Florence. Il se pressa de refermer la porte afin d’enlever cette scène d’horreur du champ de vision de Sandrine.

— Que se passe-t-il Pierre-Philippe ? Dis-moi vite… Partons d’ici sur-le-champ.

— Non Lauriane, je crains que nous soyons en danger autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de ce chalet maudit.

— Veux-tu bien m’expliquer ce qui se passe ici ?

— Un cauchemar ma sœur, un vrai cauchemar depuis que je suis arrivé.

En quelques phrases, Pierre-Philippe lui résuma la situation. Rien pour la rassurer ! Ils discutèrent ensemble pour conclure qu’ils devaient tous attendre le levé du jour. La lumière du soleil leur donnera l’énergie nécessaire pour trouver une solution pour être secourus.

— Allez vous assoupir dans la chambre. Je vais m’étendre sur le divan pour monter la garde. Je conserve le revolver près de moi juste au cas. Ce sera plus prudent.

— D’accord, je vais rassurer et endormir Sandrine. Je tenterai de me reposer un peu même si je suis certaine de ne pouvoir y arriver. Bandit et moi allons veiller sur ma fille. On se fait signe s’il y a quoi que ce soit. D’accord ?

— Parfait Lauriane ! Soyons prudents.

— Il embrassa sa sœur sur les joues, enlaça sa nièce adorée et s’étendit sur le divan avec une couverture chaude laissée par le propriétaire. « Ce fameux propriétaire, qui était-il réellement ? » se questionnait Pierre-Philippe.

Après environ deux heures de guet, ses paupières devinrent lourdes malgré lui. À peine assoupi, il sursauta lorsque Bandit se mit à japper comme un forcené et à gratter le mur du salon comme si sa vie en dépendait. Au même moment, ils entendirent un avion passer à basse altitude. Dans un geste de survie, ils se jetèrent par terre tellement le vrombissement était intense. Pierre-Philippe relevât son visage livide et regarda Lauriane qui tremblait et pleurait en même temps. Il se sentit complètement démuni.


 





Joanne est une autrice habitant Sainte-Agathe-des-Monts. Son premier livre publié en 2018 est son histoire vécue intitulée « Combat d’une vie, combat d’espoir ». Elle a aussi publié le tome un d’un roman « Le sceau du destin, le saut de l’ange». D’ailleurs, elle planche présentement sur le tome deux qui verra le jour en 2022.


Sa prochaine publication sous les Éditions Lo-Ély sera bientôt disponible pour les enfants. Il s’agit d’une magnifique histoire mettant en vedette une petite chienne très spéciale dont elle a également conçu les illustrations

 
 
 

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